De nos jours, tous les plans d’architecture moderne sont créés sur ordinateur. La modélisation des données du bâtiment, ou BIM comme on l’appelle communément, n’est pas seulement un outil ou une technologie récente. Il s’agit d’une approche de la conception, de la construction et de l’exploitation des structures, une tendance IT dont on parle beaucoup dans le BTP. Mais qu’apporte réellement le BIM pour le secteur de la construction ?
Modélisation des données du bâtiment : qu’est-ce que c’est ?
Certains comprennent le BIM comme un projet fini, d’autres comme le processus de création d’un bâtiment. Mais pour être plus exact, il s’agit d’un modèle informatique d’un bâtiment, dans lequel toutes les informations nécessaires le concernant sont coordonnées. Pour prendre un exemple, si vous modifiez un paramètre, la même chose se produit pour les autres. Ainsi, si vous vous changez les dimensions d’un objet, le logiciel vous montre comment vos actions affectent la disposition du réseau électrique.
En créant un tel projet, vous êtes en mesure de faire des estimations précises en ce qui concerne le projet de construction. Cela touche évidemment l’aspect financier, mais aussi les matériaux et même la main-d’œuvre. Avec ce mode de gestion de projet, vous évitez les erreurs au maximum.
La modélisation des informations du projet BIM vous permet de suivre la vie d’une structure, de sa création à sa démolition. La construction est un processus qui prend du temps et qui nécessite l’intervention d’un grand nombre de spécialistes de différentes professions. Le BIM permet de présenter son travail comme étant un tout, de calculer et de relier tous les scénarios possibles, de s’assurer à l’avance qu’aucune erreur n’a été commise au stade du projet.
Évidemment, les projets étant conçus par des personnes, ces dernières peuvent faire des erreurs de calcul ou simplement, négliger quelque chose. Le BIM peut contribuer à éviter la plupart des erreurs, mais il ne remplace pas un personnel compétent et expérimenté.
Une idée relativement récente
Créer un modèle 3D pour relier toutes les informations disponibles sur un futur bâtiment en un ensemble cohérent est un concept plutôt récent. En effet, c’est au milieu du siècle dernier que l’architecte américain Chuck Eastman a utilisé pour la première fois le terme « modèle d’information » dans l’un de ses articles. À la fin des années 1980, le concept s’est développé en Europe et aux États-Unis. Le terme moderne « modélisation des informations du bâtiment » est le résultat d’une combinaison de variantes anglaises (Product Information Model) et américaines (Building Product Model). Il est apparu dans un document de recherche de Robert Aish en 1986, où les principes de base de la nouvelle approche ont été formulés. L’idée principale du scientifique était d’automatiser le processus de création de plans de bâtiments.
Toutes les informations nécessaires, y compris les estimations, les bases de données, les calculs de temps, ont été rassemblées dans un modèle informatique en 3D. Robert Aish a clairement démontré la valeur pratique de sa théorie en l’utilisant pour reconstruire l’aéroport d’Heathrow à Londres. Il s’agissait de la première tentative d’introduire la modélisation BIM des bâtiments dans le monde de l’architecture et de la construction. Depuis 2002, il est activement utilisé par des spécialistes de tous les pays. Actuellement, on parle de modèle 4D, car ce dernier existera aussi longtemps que les objets qu’il reproduit existeront. Il se transforme et évolue en même temps que les structures.
Les avantages du BIM
La création d’un plan architectural est l’étape la plus rentable de la construction. L’argent qui y est consacré ne représente que 5 % du coût total de la construction. Mais un oubli de la part des concepteurs qui manquent de détails ou omettent quelque chose fera augmenter le coût total du projet. Les erreurs commises au stade de la conception peuvent se répercuter non seulement pendant la construction du bâtiment, mais aussi pendant son exploitation. Et parfois, les conséquences d’un plan défectueux sont terribles.
Les logiciels BIM révèlent automatiquement les défauts pendant la phase de conception, même les plus petits, alors que les méthodes classiques de CAO ne les révèlent qu’au milieu des travaux, ou au moment de l’exploitation du bien. Le BIM concerne surtout la phase de conception des projets de construction mais il peut aussi avoir son utilité en phase d’exploitation, on parle alors de BIM GEM (gestion exploitation maintenance). Avec le BIM GEM, les coûts imprévus sont réduits au minimum.
De plus, non seulement des personnes de professions différentes peuvent travailler dans un même bâtiment, mais aussi plusieurs entreprises en même temps. C’est très pratique si un grand projet à l’échelle d’une ville est prévu, car les responsabilités sont clairement attribuées aux équipes. Les erreurs dans les calendriers d’achat du matériel et des équipements sont réduites au minimum. Les logiciels BIM et les technologies de conception de l’information sont également une garantie de travail coordonné sur les chantiers. Toutes les dépenses sont suivies et tous les prix sont enregistrés. Chaque employé peut consulter l’estimation des coûts ou vérifier le rapport comptable.
Pour finir, bien des projets ont connu le succès grâce au BIM. En 2006 par exemple, la création du musée d’art contemporain du Colorado, sur la base d’un plan de D. Libeskind, a prouvé qu’il accélère plusieurs fois le travail et réduit considérablement les coûts. Le musée a ouvert ses portes un an plus tôt que prévu et le Trésor public a économisé 400 000 dollars.